La « Critique de la raison pure » de Kant
EAN13
9782252047507
Éditeur
Klincksieck
Date de publication
Collection
Critique de la politique
Langue
français
Langue d'origine
allemand
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La « Critique de la raison pure » de Kant

Klincksieck

Critique de la politique

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782252047507
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    24.99

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Le 7 juillet 1959, dans le quatorzième de ses cours sur la Critique de la
raison pure, Adorno avoue subitement : « il ne s’agit ici de rien moins que la
fondation de la position philosophique que je défends moi-même et que je crois
pouvoir rattacher à cette réflexion sur Kant. » Plus que d’un cours, il est
question d’une histoire restée jusque-là muette, celle du détour adornien par
Kant dans l’élaboration de la dialectique négative et celle du retour de Kant
dans une trajectoire philosophique qui s’était éloignée du criticisme après
s’être pourtant initiée dans la Critique de la raison pure. C’est à l’âge de
quinze ans qu’Adorno encore lycéen est formé par Siegfried Kracauer de manière
inoubliable à la lecture de ce livre difficile. Les rencontres avec Walter
Benjamin en 1923 puis avec Alfred Sohn-Rethel en 1936 seront autant
d’occasions de relecture de la première Critique dont ce cours de 1959 livre
les strates de mémoire en même temps qu’il les réarticule dans une perspective
propre, comme on fait soudain rayonner une nouvelle question philosophique
depuis son passé oublié. Kant est le philosophe qui permet à Adorno de
retrouver un moment de non-identité dans la connaissance et de ressaisir ce
qui a été perdu de la chose dans son traitement conceptuel. Les choses en soi,
c’est-à-dire l’inconnaissabilité de l’en soi des choses, que Kant ne voulait
pas abandonner — en dépit de toutes les critiques qu’elles lui valurent —
parce qu’elles réservaient l’avenir de la métaphysique, sont interprétées par
Adorno comme les dépositaires de l’irréductible inadéquation entre la
connaissance et la chose. Et cette irréductibilité kantienne fait voler en
éclats le mensonge premier de l’idéalisme, qui consiste à réduire tout objet à
sa constitution par le sujet. Détour par Kant, retour de Kant — Kant nomme la
différence d’Adorno dans la filiation hégélienne et marxienne de sa pensée, et
cette différence apparaît ici comme une des entrées décisives dans le
laboratoire de la Dialectique négative (1966), puisque s’y élaborent à la fois
la thèse du « primat de l’objet » et les ressources d’une puissante résistance
aux logiques identificatrices
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