Terre d'ébène
EAN13
9782374637174
Éditeur
La Gibecière à Mots
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Terre d'ébène

La Gibecière à Mots

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782374637174
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    1.99
Albert Londres (1884-1932)

"C’était Dakar !

Ce bloc de pierres blanches : le palais du gouverneur général.

À notre droite : Gorée, l’île où les derniers négriers embarquaient les
derniers esclaves sur un bateau qui s’appelait le Rendu.

Le Rendu qui ne rendait jamais rien !

Les passagers de notre paquebot étaient déjà casqués et en blanc. Depuis le
matin, chacun prenait de la quinine. On avait dit adieu aux plaisirs de bien
boire, de bien manger, de respirer librement et surtout d’avoir les poils
secs. Pour mon compte, j’étudiais le moyen de remplacer le mouchoir par une
serviette-éponge. On aurait dit que l’on avait mis le ciel et la mer sous
mica. La nature était congestionnée. C’était l’Afrique, la vraie, la maudite :
l’Afrique noire.

Le quai des Chargeurs-Réunis nous attendait. Le Belle-Île accosta.

– Restez avec nous, fit le commandant. Là c’est le pays du Diable !

J’avais touché Dakar dans le temps. Je me rappelais, c’était la nuit, pendant
le dur mois de septembre. La chaleur montait du sol, sortait des murs, tombait
du ciel. Le voyageur connaissait les sensations du pain que l’on enfourne. La
ville était comme imbibée d’une oppressante tristesse. J’allais alors au
hasard, sans espérer m’égarer, sentant bien que ce n’était pas grand. Dakar,
porte de notre empire noir ! Qu’y avait-il derrière ? De ce premier contact,
deux souvenirs : les airs de phonographe qui rôdaient dans les rues du
quartier administratif, airs européens traînant comme des exilés dans un pays
où ils se sentaient perdus ; et, plus bas, dans la salle à manger d’un hôtel
dit Métropole, une centaine de blancs plus jeunes que vieux, sans veste, sans
gilet, chemise ouverte sur poitrine nue et soulevant d’une fourchette lourde
un morceau de bidoche qui ne les tentait guère. Les colons !"

En 1928, le journaliste Albert Londres visite, pendant quatre mois, l'Afrique
française. Ses récits dénoncent, avec ironie, le comportement des "Blancs"
envers les "Noirs".

Vision du colonialisme au début du XXe siècle.
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