Innocents et coupables

Huit nouvelles, huit cas, huit personnages, placés dans des situations
extrêmes. Ces nouvelles sont le reflet d'une époque troublée. Elles nous
transportent d'un pays à l'autre, en Allemagne et en Italie, d'abord. Elles
mettent en présence des gens venus de tous les coins du monde, appartenant à
toutes les classes sociales. La place qu'occupe chacune de ces nouvelles dans
le recueil, n'est pas due au hasard. Elles obéissent à une progression
dramatique, que viennent souligner des textes intercalaires, qui sont eux-
mêmes des nouvelles en raccourci. Qu'on prenne l'histoire de Mario, doublure
de cinéma, face à face avec sa lâcheté, celle du couple en proie à la terreur,
et qui s'affronte dans une voiture, ou l'aventure de Joe, soldat américain qui
déserte par amour, c'est toujours, dans un contexte différent, l'illustration
de ce qui fait l'intérêt profond de tout le recueil : les personnages se
trouvent contraints de décider ou d'agir, en obéissant à leur seule
conscience. En homme. De ces nouvelles, on ne peut tirer une morale explicite.
Dans tous les cas, nous nous trouvons en présence d'un innocent, qui a quelque
chose à se reprocher, ne fût-ce que d'exister, d'un innocent qui - du fait des
circonstances - est injustement poursuivi. C'est en ces moments de crise, que
s'opère ce que Noël Calef appelle « la rencontre avec la conscience ». Et si
une leçon est contenue dans « Innocents et coupables » c'est, en fin de
compte, au lecteur de la dégager pour son propre compte.