Le Serpent noir
EAN13
9782904047572
Éditeur
Fondation des Artistes
Date de publication
Langue
français
Langue d'origine
français
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Le Serpent noir

Fondation des Artistes

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782904047572
    • Fichier EPUB à mise en page fixe, avec Marquage en filigrane
    4.99
Le Serpent Noir, projet inédit de Cécile Hartmann, se déploie autour de la
métaphore du serpent noir : le pipeline géant Keystone qui transporte
quotidiennement plus de 700 000 barils de résidus impurs, depuis les
exploitations à ciel ouvert de l’Alberta, en passant par les réserves
indiennes, souillant les terres et les réserves d’eau et engendrant des dégâts
écologiques sans précédent. Ce pipeline, soutenu sous l’ère Trump, vient de
voir la construction des derniers tronçons stoppée aux premiers jours de
l’arrivée de Biden à la présidence des USA faisant souffler un vent d’espoir
nouveau. Le film, Le Serpent Noir (2019-2021), suit le flux invisible du
pipeline et constitue le cœur du projet, depuis lequel se déploient en rhizome
photographies, élément sculptural, wall-painting et sérigraphies. Quatre ans
après les luttes de Standing Rock et Sacred Stones, Cécile Hartmann partage
l’archive de ce » temps d’après » dans cet épisode de l’histoire contemporaine
où les luttes ont déjà laissé la place aux premières altérations du paysage et
des formes de vie. L’artiste en délivre un récit, sans figure humaine, où
l’image documentaire se mêle à l’image mentale, enchevêtrement de temporalités
et d’espaces dans une plongée au cœur des ténèbres. Les ténèbres, perçues pour
leur potentialités créatrices comme destructrices, sont celles dans lesquelles
le monde était plongé » au commencement lorsqu’il n’y avait ni lune ni étoile
» ; elles sont ici le lieu des spectres, du surgissement et de la disparition.
Elle deviennent également le contrepoint à la vision idéalisée des Lumières et
de la Modernité (Christophe Colomb n’a jamais découvert l’Amérique) et à
l’impasse écologique qui en résulte ( l’appropriation et l’épuisement des
ressources naturelles). Le travail de Cécile Hartmann porte toujours la trace
d’événements latents, souterrains, qui transparaissent ou (ré)apparaissent à
la surface des œuvres présentées. Le film Le Serpent Noir et ses ramifications
se tiennent, eux aussi, sur ces fragiles interstices entre visibilité et
invisibilité, dicible et indicible, réalité et fiction, organique et
inorganique, force et instabilité. La mémoire – comme l’actualité – de la
violence exercée autant envers la nature qu’envers la communauté amérindienne,
affleure ainsi régulièrement dans les œuvres de l’exposition, au travers d’un
plan du film, d’un élément textuel, d’une musique… Ils sont les indices, les
surgissements de ces événements. Dès lors, l’énumération des noms des lieux
traversés agit également comme projection fantasmatique de paysages naturels,
de territoires appartenant aux « maisons » indiennes ou de batailles
tristement célèbres. Le texte fait ici image, de la même manière que les
notions mises en relation – dans ce qui emprunte la radicalité de sa forme à
l’affiche militante – engagent le spectateur à penser les entrechoquements
entre économie, politique, histoire et écologie. Abaissant sans cesse son
regard pour l’amener au plus près du sol, de l’argile « primitive », l’artiste
s’intéresse à ces différentes strates, couches de temps et de mémoires
accumulées. Sa vision passe ainsi constamment de l’échelle du global à
l’échelle du fragment, d’une vision panoramique du paysage à une vision en
plongée au cœur de la terre, dans un mouvement introspectif de l’ordre du
psychanalytique. Traçant des lignes entre romantisme, minimalisme et
activisme, Le Serpent Noir se veut autant archéologie du présent dévasté et
dévastateur que vision prophétique d’un avenir où le chaos et la destruction
pourraient devenir forces de régénération si, toutefois, un nouveau cycle
venait à s’amorcer.
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