Le retour de Jim Lamar

Lionel Salaün

Liana Levi

  • Conseillé par
    4 mai 2011

    Lionel Salaün : auteur américain ?

    En Bretagne, le patronyme Salaün est quasiment une marque de fabrique ! Un tel nom sent l'iode, le granit et le beurre salé ! Et bien, l'auteur de ce très beau roman dément mes idées reçues avec brio. Son décor, c'est celui de l'Amérique, du Mississipi et des champs à perte de vue avec pour seuls reliefs les silos à grains.


    Son héros, Billy Brentwood a treize ans et se trouve vraiment à la croisée des chemins : il subit les cours au collège mais ne se voit pas non plus prendre la succession de son père à la ferme. C'est l'été 1981 et la canicule règne : Billy passe beaucoup de temps près du fleuve à pêcher, à la recherche de calme, d'une harmonie avec son environnement. La vie pourrait continuer à s'écouler ainsi, monotone, prévisible, sans réel intérêt.

    Survient alors "le retour de Jim Lamar", un gars de Stanford parti treize ans plus tôt pour le Vietnam et jamais revenu. Ses parents sont morts et les villageois ont charitablement pillé la ferme familiale, partant du principe que des gens mal intentionnés venus de l'extérieur auraient rappliqué pour tout voler alors autant que le partage se fasse au sein de la communauté ! C'est dire que ce retour inopiné les met mal à l'aise... Jim Lamar ne semble cependant pas vouloir d'embrouille, ni même de contact avec ses condisciples.

    La rencontre entre Billy et Jim va se faire près du Mississipi dans un coin que tous les deux apprécient. L'enfant et le vétéran vont se reconnaître d'un seul regard et former immédiatement un duo. Au contact de l'enfant qui l'interroge avec franchise et sans arrière-pensée sur la guerre et les années qui ont suivi celle-ci, l'homme va pouvoir se confier, remettre en ordre toutes les pensées qui se bousculent dans sa tête, redonner vie à ses amis perdus là-bas et s'imaginer un futur.

    Billy va probablement se révéler à lui-même pendant ces moments passés avec Jim Lamar, sa curiosité, sa conscience politique vont s'éveiller et faire émerger le futur professeur d'université de l'enveloppe un peu grossière du fils de fermier.

    Lionel Salaün a écrit un magnifique roman initiatique où un adolescent et un homme brisé trouveront ensemble les moyens pour l'un de grandir, pour l'autre de continuer à vivre malgré le poids des horreurs passées. L'Amérique profonde des années 60 à 80 est évoquée avec beaucoup de réalisme, tout sonne juste ! Je suis persuadée que l'auteur a dû être citoyen des Etats-Unis dans une autre vie...

    Un roman à lire en écoutant du blues !


  • Conseillé par
    7 avril 2011

    Etats-Unis, Missouri, Stanford. 1981, Jim Lamar vétéran de la guerre de Vietnam revient s’installer dans la maison de ses parents. Depuis la fin de la guerre, il n’avait donné aucun signe de vie. Ses parents sont décédés depuis longtemps. La ferme laissée derrière eux et convoitée a été vidée, pillée par les habitants peu scrupuleux. Jimmy âgé de 13 ans, fils d’un fermier voisin fait la connaissance de Jim. Son retour est vu d’un mauvais œil par les habitants qui n’espèrent que son départ.

    A travers le récit de Jimmy, on se prend des claques. Aussi cuisantes que la chaleur d’été de cet état et sonnantes comme les sujets traités dans ce livre. Vous êtes prévenus. Stanford, une ville flanquée de sa terre plate où les silos agricoles jalonnent le ciel et qui borde le fleuve Mississpi. Jimmy aime s’isoler près d'un lac. Oublier son père et sa mère peu causants. Du jour au lendemain, Jim Lamar revient à Stanford. Les langues se délient : ses parents sont morts sans avoir eu de ses nouvelles. Pourquoi est-il là ? Par le plus grand des hasards, Jimmy le rencontre. Au début, le jeune garçon est mal à l’aise, son père ayant contribué à « nettoyer » la maison des Lamar. Les habitants racontent que ces gars revenus de la guerre sont changés à tout jamais. En l’espace d’un mois, Jim racontera par bribes la guerre et son histoire. La guerre, sa dureté mais aussi celle qui forge des liens forts entre des gars venus combattre. Sans tout raconter de l’histoire, il est question de la ségrégation, des préjugés, de la religion et de la discrimination qui endosse plusieurs manteaux. Mais, aussi de cette fraternité et de la quête que chacun poursuit. J'ai été secouée, interpellée et j'ai eu les yeux noyés de quelques larmes.

    Dépaysement assuré, on se croit au Missouri car l’auteur possède une écriture qui fait appel à l'ensemble des sens. Seul petit bémol : à force le langage familier, n’oublions pas que Jimmy est âgé de 13 ans, peut lasser.

    Voici un premier roman d’un auteur français à suivre de très, très près !