Mariage contre nature

Yukiko MOTOYA

Philippe Picquier

  • Conseillé par
    19 février 2021

    Mariée depuis quatre ans, San n’a pas une vie conjugale épanouissante. À peine rentré du travail, son mari ne veut penser à rien, s’affale sur le canapé et s’abrutit devant des émissions de variétés. Occupée à ranger derrière lui et à faire la cuisine, San a parfois l’impression de se perdre dans ce mariage. Elle n’est plus un être à part mais un prolongement de son époux. D’ailleurs, il lui semble que sur les photos, leurs deux visages se ressemblent de plus en plus. Elle a beau confronter son point de vue avec famille et amis, elle ne trouve pas de solution pour redynamiser son couple. Et tandis qu’elle se pose des questions, jour après jour, les traits de son mari s’affaissent et il lui semble de moins en moins humain.

    Qui n’a jamais rencontré un couple si bien assorti que l’homme et la femme semblent se ressembler physiquement ? Ils ont les mêmes idées, les mêmes passions, les mêmes goûts et envies. Quand l’un parle, l’autre finit sa phrase. Une telle harmonie peut faire rêver ou, au contraire, effrayer. Ne perd-on pas sa personnalité en se fondant ainsi dans l’autre ? Et l’autre n’est-il pas, au lieu d’un partenaire, une sangsue, un vampire ?
    La vision de la vie de couple de Yukiko Motoya fait froid dans le dos. Son propos ne manque ni d’humour, ni de cynisme et égratigne au passage la société japonaise qui met la femme au cœur du foyer. Le mari travaille et fait bouillir la marmite. En échange, son épouse s’occupe du ménage et de la cuisine et surtout, ne le dérange pas avec des questions ou des discussions sérieuses.
    Un roman contemporain, très japonais (mélange de réalité brute, de poésie et de fantastique). Ni déplaisant, ni formidable, bilan mitigé.