- EAN13
- 9782213690711
- Éditeur
- FeniXX réédition numérique (Fayard)
- Date de publication
- 1981
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Livre numérique
Au cœur de l'été 1975, je suis revenu sur les lieux dans lesquels, trente ans
plus tôt, j'avais connu la condition de déporté. Ni à Buchenwald, ni à Dora,
ni à Harzungen, je n'ai ressenti la peur, la colère ou la haine. Le temps a
guéri des blessures que j'avais cru définitives. C'est à cette époque,
pourtant, que j'ai pris la décision de rappeler, avec les moyens dont je
disposais, ce qu'avaient été les camps nazis. Trop de contemporains les
avaient oubliés. Certains niaient jusqu'à leur existence. Surtout, je voyais
se développer l'idée que la barbarie est un produit exotique, réservé, en
somme, à ces Khmers rouges dont on découvrait alors les méfaits. Aussi, à mon
retour en France, ai-je repris les mémoires dans lesquels, en 1945, à
l'hôpital d'Argelès-Gazost, à peine sorti des camps, j'avais craché mon âme.
Je n'ai jamais oublié Dora, antre d'où sont sortis les V1 et les V2, ancêtres
du Spoutnick, des fusées Apollo et des missiles, porteurs des armes nucléaires
dont j'aurai été, au milieu d'une tribu lamentable de sous-prolétaires, et
pour une part minuscule, l'un des premiers constructeurs. Je l'aurai été à mon
corps défendant et le cœur rempli d'une rage dont la virulence avait frappé
les lecteurs de mes mémoires. Ici, j'ai voulu retracer l'histoire de cette
haine, de son déchaînement à Dora, le cimetière des Français et aussi, à
travers d'obscurs cheminements, de sa disparition.
plus tôt, j'avais connu la condition de déporté. Ni à Buchenwald, ni à Dora,
ni à Harzungen, je n'ai ressenti la peur, la colère ou la haine. Le temps a
guéri des blessures que j'avais cru définitives. C'est à cette époque,
pourtant, que j'ai pris la décision de rappeler, avec les moyens dont je
disposais, ce qu'avaient été les camps nazis. Trop de contemporains les
avaient oubliés. Certains niaient jusqu'à leur existence. Surtout, je voyais
se développer l'idée que la barbarie est un produit exotique, réservé, en
somme, à ces Khmers rouges dont on découvrait alors les méfaits. Aussi, à mon
retour en France, ai-je repris les mémoires dans lesquels, en 1945, à
l'hôpital d'Argelès-Gazost, à peine sorti des camps, j'avais craché mon âme.
Je n'ai jamais oublié Dora, antre d'où sont sortis les V1 et les V2, ancêtres
du Spoutnick, des fusées Apollo et des missiles, porteurs des armes nucléaires
dont j'aurai été, au milieu d'une tribu lamentable de sous-prolétaires, et
pour une part minuscule, l'un des premiers constructeurs. Je l'aurai été à mon
corps défendant et le cœur rempli d'une rage dont la virulence avait frappé
les lecteurs de mes mémoires. Ici, j'ai voulu retracer l'histoire de cette
haine, de son déchaînement à Dora, le cimetière des Français et aussi, à
travers d'obscurs cheminements, de sa disparition.
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