- EAN13
- 9782307177722
- Éditeur
- FeniXX réédition numérique (Union générale d'éditions)
- Date de publication
- 1977
- Collection
- 10/18
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
L'aliénation dans le roman américain contemporain (1)
Pierre Dommergues
FeniXX réédition numérique (Union générale d'éditions)
10/18
Livre numérique
Le roman américain est un NON tonitruant. Non à la « syphilisation » (Marc
Twain, déjà). Non aux institutions, aux mythes, aux valeurs dominantes, aux
manipulations de mots et d’images. Pourtant, la remise en question est
rarement radicale : le romancier s’attaque moins aux fondements du système,
qu’à ses déformations, moins aux sources de l’aliénation qu’à ses
manifestations — propageant ainsi une idéologie dominante nettoyée de ses
excès. Exemple : l’inégal rapport entre les êtres est dénoncé, en même temps
qu’est naturalisé le rapport de domination entre l’homme et la femme, le
parent et l’enfant, le Blanc et le Noir. L’écrivain invite à explorer des
espaces-temps jusqu’alors interdits. Il proclame l’égalité dans la folie, la
liberté dans l’aliénation. Il fixe le seuil de tolérance dans les limites à la
fois supportables par le système, et nécessaires à son fonctionnement. C’est
le grand normalisateur. Son rôle est ambigu. Comme celui du journaliste, de
l’enseignant ou du médecin. Comme eux, il est piégé et, comme eux, responsable
de sa production. Les polarités sont claires : collaboration et résistance,
mais les prises de position individuelles des romanciers sont nuancées. Ce qui
frappe en dernière analyse, c’est la stabilité des institutions littéraires et
politiques, qui oscillent entre l’affirmation et la contestation, le
renforcement mutuel du pouvoir des mots et des choses, la capacité
d’absorption d’un système toujours plus autoritaire, qui prend le masque d’une
tolérance toujours plus répressive.
Twain, déjà). Non aux institutions, aux mythes, aux valeurs dominantes, aux
manipulations de mots et d’images. Pourtant, la remise en question est
rarement radicale : le romancier s’attaque moins aux fondements du système,
qu’à ses déformations, moins aux sources de l’aliénation qu’à ses
manifestations — propageant ainsi une idéologie dominante nettoyée de ses
excès. Exemple : l’inégal rapport entre les êtres est dénoncé, en même temps
qu’est naturalisé le rapport de domination entre l’homme et la femme, le
parent et l’enfant, le Blanc et le Noir. L’écrivain invite à explorer des
espaces-temps jusqu’alors interdits. Il proclame l’égalité dans la folie, la
liberté dans l’aliénation. Il fixe le seuil de tolérance dans les limites à la
fois supportables par le système, et nécessaires à son fonctionnement. C’est
le grand normalisateur. Son rôle est ambigu. Comme celui du journaliste, de
l’enseignant ou du médecin. Comme eux, il est piégé et, comme eux, responsable
de sa production. Les polarités sont claires : collaboration et résistance,
mais les prises de position individuelles des romanciers sont nuancées. Ce qui
frappe en dernière analyse, c’est la stabilité des institutions littéraires et
politiques, qui oscillent entre l’affirmation et la contestation, le
renforcement mutuel du pouvoir des mots et des choses, la capacité
d’absorption d’un système toujours plus autoritaire, qui prend le masque d’une
tolérance toujours plus répressive.
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