Souvenirs d'un voyage dans la Tartarie et le Thibet, Tome II : Le Thibet
EAN13
9782384421398
Éditeur
La Gibecière à Mots
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
S'identifier

Souvenirs d'un voyage dans la Tartarie et le Thibet

Tome II : Le Thibet

La Gibecière à Mots

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782384421398
    • Fichier EPUB, libre d'utilisation
    • Fichier Mobipocket, libre d'utilisation
    • Lecture en ligne, lecture en ligne
    • Fichier PDF, libre d'utilisation
    2.49
Evariste Huc (1813-1860)

"Deux mois s’étaient déjà écoulés depuis notre départ de la vallée des Eaux-
Noires. Pendant ce temps, nous avions éprouvé dans le désert des fatigues
continuelles et des privations de tout genre. Notre santé, il est vrai,
n’était pas encore gravement altérée ; mais nous sentions que nos forces s’en
étaient allées, et nous éprouvions le besoin de modifier pendant quelques
jours notre rude façon de vivre. À ce point de vue, un pays habité par des
Chinois ne pouvait manquer de nous sourire ; comparé à la Tartarie, il allait
nous offrir tout le confortable imaginable.

Aussitôt que nous eûmes traversé le Hoang-ho, nous entrâmes dans la petite
ville frontière nommée Chetsouidze, qui n’est séparée du fleuve que par une
plage sablonneuse. Nous allâmes loger à l’Hôtel de la Justice et de la
Miséricorde (Jen-y-tien). La maison était vaste et nouvellement bâtie. À part
une solide base en briques grises, toute la construction consistait en
boiseries. L’aubergiste nous reçut avec cette courtoisie et cet empressement
qu’on ne manque jamais de déployer quand on veut donner de la vogue à un
établissement de fraîche fondation ; cet homme, d’ailleurs d’un aspect peu
avenant, voulait, à force d’amabilités et de prévenances, racheter la défaveur
qui était répandue sur sa figure ; ses yeux horriblement louches se tournaient
toujours du côté opposé à celui qu’ils regardaient ; si l’organe de la vue
fonctionnait avec difficulté, la langue, par compensation, jouissait d’une
élasticité merveilleuse. L’aubergiste, en sa qualité d’ancien satellite, avait
beaucoup vu, beaucoup entendu, et surtout beaucoup retenu ; il connaissait
tous les pays, et avait eu des relations avec tous les hommes imaginables. Sa
loquacité fut pourtant loin de nous être toujours à charge ; il nous donna des
détails de tout genre, sur les endroits grands et petits que nous aurions à
visiter, avant notre arrivée au Koukou-noor. Cette partie de la Tartarie lui
était même assez connue, car, dans la période militaire de sa vie, il avait
été faire la guerre contre les Si-fan. Le lendemain de notre arrivée, il nous
apporta de grand matin une large feuille de papier où étaient écrits, par
ordre, les noms des villes, villages, hameaux et bourgades que nous avions à
traverser dans la province du Kan-sou ; il se mit ensuite à nous faire de la
topographie avec tant de feu, tant de gestes, et de si grands éclats de voix,
que la tête nous en tournait."

Tome II : Le Thibet.

En août 1844, le père Evariste Huc, missionnaire de l'ordre des Lazaristes,
entame un voyage d'exploration destiné à étudier les moeurs des Mongols et
autres peuplades... Ce voyage durera 2 ans...
S'identifier pour envoyer des commentaires.