Savoirs pratiques, corps savants, Essai sur la qualification du travail industriel à la fin du XXe siècle
EAN13
9782875584878
ISBN
978-2-87558-487-8
Éditeur
Presses universitaires de Louvain
Date de publication
Nombre de pages
532
Dimensions
24 x 16 cm
Poids
837 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Savoirs pratiques, corps savants

Essai sur la qualification du travail industriel à la fin du XXe siècle

De

Presses universitaires de Louvain

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Adam Smith avait raison. Il y a bien une main invisible, une main qui fait
fonctionner les systèmes et les institutions. Mais cette main, c'est la main
des hommes et non celle de la Providence. Le corps humain n'est pas absent du
travail, comme on l’entend un peu partout: il n’est que trop présent. La
diminution structurelle du travail manuel n’attesterait-elle pas d’un
mouvement inverse? Tout au contraire. Car le travail manuel, ce n’est ni la
main ni le corps de l’homme, mais leur objectivation sous l’emprise de
l’organisation scientifique du travail. Nos enquêtes le prouvent: dans les
univers hypertechnicisés où nous avons séjourné, scrutant à la loupe les
activités et les liens, le corps humain ne quitte jamais la scène productive.
Il la réinvestit à sa manière. Toute la question est de savoir ce que nos
systèmes sociaux font de cette praxis – comment ils la qualifient ou la
disqualifient.
Il n’y a pas d’un côté une croissance purifiée, déchargée des contraintes de
l’activité laborieuse et gouvernée par les exigences de la rationalité
abstraite; et de l’autre, des inemployables dont on pourrait régulièrement
dresser l’inventaire comptable avant que, peu à peu, ils ne descendent avec la
lenteur des mourants l’escalier de la déchéance sociale. Il n’y a pas deux
mondes, mais un seul espace de qualification ou de disqualification dont le
chômage de longue durée traduit tour à tour l’impuissance radicale ou l’ultime
direction. Cet espace est néanmoins devenu de plus en plus flou. Loin de se
limiter à des classifications établies une fois pour toutes, il dépend à la
fois d’un champ de forces et d’une éducation du regard.
Les forces, ce sont ces intérêts antagonistes qui accompagnent le
développement du capitalisme depuis sa fondation et trouvent dans la
négociation les conditions d’un équilibre, toujours temporaire. Le regard,
c’est la capacité à dépasser les stéréotypes que la période actuelle
entretient constamment sur le travail humain pour y déceler les indices d’une
présence vive, inventive, incarnée.
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