EAN13
9782252046845
ISBN
978-2-252-04684-5
Éditeur
Klincksieck
Date de publication
Nombre de pages
208
Dimensions
24 x 16 x 1,6 cm
Poids
338 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Revue thomiste - N°2/2022

Le concept de nature selon saint Thomas. Deuxième partie

Klincksieck

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La concept de nature selon saint Thomas d'Aquin. Actes du Colloque. Toulouse, 28-29 mai 2021
D. Perrin : Ars imitatur naturam : réception et interprétation thomasiennes de l’adage
C’est à la réception et à l’interprétation de l’adage aristotélicien « ars imitatur naturam » (Physique, II, 2, 194 a 20-25) que cette étude est consacrée. Saint Thomas affirme, comme Aristote, que l’art imite la nature mais sa manière de comprendre la raison de cette imitation ou de cette ressemblance n’est pas exactement celle du Philosophe car c’est, pour lui, une seule et même Intelligence divine qui est au principe des naturalia et des artificialia : 1) des naturalia car celles-ci ont été formées à partir des idées divines, 2) des artificialia car l’intelligence humaine qui les produit est une certaine participation de l’intelligence divine. Comme Aristote, saint Thomas soutient que l’art accomplit ce que la nature ne peut pas faire mais les nombreuses manières d’entendre cet accomplissement le mènent également plus loin que son maître. Saint Thomas envisage l’art comme un accomplissement par l’homme de sa propre nature, une suppléance possible aux défauts de la nature et une aide apportée à la nature dans certains cas pour réaliser ses propres fins. Quand saint Thomas, enfin, soutient que la nature est l’œuvre de l’art de Dieu, et par appropriation, l’œuvre du Verbe, « l’art du Père », la doctrine de l’imitation de la nature par l’art humain devient, indirectement, une imitation de l’art divin à l’œuvre de la nature. La théologie trinitaire de la Création vient bouleverser l’interprétation de l’adage et lui donner une portée qu’Aristote n’avait fait qu’entrevoir. L’équilibre que saint Thomas tient entre une doctrine totalement exemplariste, comme celle de Platon, et une doctrine de la créativité, comme celle de Nicolas de Cues, lui donne de penser, pour de bon, l’inventivité artistique et la production de formes neuves, sans faire pour autant de l’activité artistique une activité
créatrice.
F. Daguet : La nature politique chez saint Thomas d’Aquin
La nature politique est une réalité bien établie chez Thomas, aussi bien lorsqu’il étudie les hommes et les communautés humaines que lorsqu’il traite du genre humain dans son ensemble à la lumière de la Révélation. Pour autant, ces deux domaines paraissent chez lui comme juxtaposés, et il n’est pas sans intérêt de voir comment ils peuvent se rejoindre, dès lors qu’il s’agit des mêmes hommes et des mêmes groupes humains, appréhendés à la fois par la raison naturelle et par la foi théologale.
A. Sériaux : Apories thomasiennes sur le droit naturel
Thomas d’Aquin traite spécifiquement du droit et du droit naturel à l’occasion de son exposé sur la vertu de justice (Somme de théologie, IIa-IIae, q. 57). Il le fait principalement en référence à Aristote, dont il vient de commenter l’Éthique à Nicomaque, mais il sait aussi puiser son inspiration chez les juristes romains, Ulpien notamment. Cette heureuse synthèse ne laisse pas, toutefois, d’être ambiguë. Quel rapport entretient-elle, en particulier, avec le traité des lois (Ia-IIae, q. 90 s.) ? D’un côté, Thomas se refuse à confondre droit et loi, mais d’un autre côté, il ne cesse de les rapprocher. De même, s’il fait reposer le droit naturel sur la « nature des choses » (ce qui paraît l’éloigner d’autant de la loi naturelle, qui découle quant à elle de la « nature humaine »), il considère néanmoins que le droit naturel change parce que la nature humaine est sujette au changement et que « tout ce que la raison dicte à l’homme est de droit naturel ». C’est à l’élucidation de telles apories que cet article est consacré.
Ph.-M. Margelidon : Bonum naturae, peccatum naturae et malum naturae dans la Summa theologiae et le De malo de saint Thomas d’Aquin
Le vocabulaire de la nature est paradoxal. Il y a un bien de nature (bonum naturae), comme il y a un mal de nature (malum naturae) : un bien de nature avant le péché et un bien de nature après le péché, comme il y a un mal de nature avec le péché de nature. La nature humaine est à la fois le sujet d’un bien, mais aussi d’un double mal, de coulpe et de peine : le péché de nature (peccatum naturae) et la mort qui est à la fois secundum naturam et contra naturam. On peut parler d’un double état paradoxal de la nature humaine dans l’histoire du salut chez saint Thomas d’Aquin.
F.-X. Putallaz : Le concept de nature selon Georges Cottier
Historien de la philosophie moderne, Directeur de la revue Nova et Vetera et Théologien de la Maison pontificale, le Cardinal Georges Cottier, o.p. (1922-2016), a laissé deux études de première importance sur la notion de nature. Il y insiste sur la polysémie du terme : donnée première de l’expérience humaine, la nature comporte une richesse que l’histoire de la philosophie a eu tendance à perdre de vue, au point qu’on en arrive à une opposition irréductible entre « nature » et « liberté », rendant inintelligible le rôle de la loi naturelle. L’enjeu consiste donc aujourd’hui à redonner à la nature toute son ampleur. On y découvrira comment la multiplicité des sens du terme rejaillit sur la diversité de la grâce qui perfectionne la nature humaine en particulier.
M. Nodé-Langlois : La redécouverte de la cause formelle chez Kant : une occasion manquée ?
Dans sa Critique de la faculté de juger (1790), Emmanuel Kant réhabilite les concepts majeurs de la physique aristotélicienne, à l’encontre du mécanicisme classique, qu’il avait pourtant lui-même voulu consacrer dans la Critique de la raison pure (1781). Si la notion de finalité naturelle se trouve ainsi restaurée dans son véritable sens, il n’en va pas de même de la notion de cause formelle, que Kant présente comme une force, à l’instar d’auteurs critiqués en son temps par Thomas d’Aquin.
L. Solignac : La nature dans la pensée de saint Bonaventure ou la physique du salut
La nature souffre-t-elle d’un manque de consistance dans la pensée bonaventurienne ? Enracinée dans la théologie trinitaire et définie par sa communicabilité, la notion de nature trouve dans la « créature du monde » un lieu d’expression qui manifeste à la fois la solide structure trinitaire de toute nature et sa vigueur, dont l’activité régulière constitue le « cours habituel des choses » (saint Augustin). Aussi la physique, y compris dans ses développements aristotéliciens, s’intègre naturellement à l’édifice de la sagesse chrétienne, comme science qui a pour objet la nature comme dynamisme et pour mystère lumineux ou medium « le corps mobile du Christ » en son incarnation.
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