En attendant maman

Voici un p’tit bonhomme irrésistible, résolu et confiant, comme savent l’être les petits, toujours sûrs de l’amour de leur maman. Une petite ville en Asie. Un garçonnet, la chapka vissée sur la tête, se dirige vers la station de tramway. Mêlé à la foule qui attend, il joue patiemment. Bientôt, un tramway s’arrête. Le petit garçon penche la tête à l’intérieur à la recherche de sa maman. Il demande au chauffeur : « ma maman, elle est dans le tram? ». Indifférent, le chauffeur le rabroue. Un deuxième tramway s’arrête : même scénario. Le chauffeur du troisième tramway, lui, s’intéresse à ce curieux petit bonhomme, il vient près de lui et lui conseille de ne pas bouger d’un pouce. Chaque tram qui arrive est porteur d’espoir, tant pour le personnage que pour le lecteur. Là certainement réside la force de cet album. On est suspendu à ce tramway qui arrive. La maman y sera-t-elle, n’y sera-t-elle pas ? Le rythme est haletant, à tel point que le lecteur tourne les pages de plus en plus vite, comme pour mettre fin au suspense. S’ensuivent quelques pages d’une belle intensité où l’on voit le petit attendre sans bouger… La mère est là avec lui, sur la double page finale, dans un échange tout simple, ils s’en retournent chez eux, main dans la main. Cet album est un condensé d’humanité et de poésie. L’illustrateur, Dong-seong Kim , avec un immense talent, a saisi sur le vif l’enfant, dans son attente, ses jeux, sa contemplation de la neige qui vient à tomber. Il a croqué la foule qui attend avec la fraîcheur d’un carnet de voyage, et il laisse deviner dans les paysages qui défilent derrière les tramways un onirisme rare.