Conseillé par Stéphanie et Joséphine
"Il n'y a pas d'erreur en musique, il n'y a que des commencements" disait Wayne Shorter, saxophoniste et compositeur de légende des années 50. Cette phrase, située en incipit, n'est évidemment pas là par hasard. Ce roman est un hymne au jazz, à la vie et à l'amour.
Sous la plume scandée et poétique de Marc Alexandre Oho Bambe, à travers de courts chapitres dont les titres sont inspirés par des morceaux ou des chansons de blues, Jaromil, trompettiste français métis, dévoile son cœur, les notes bleues de sa vie de fils, d'amant, de père et de musicien.
"Je n'ai pas connu mon père (...) j'ai grandi sans phare, ni guide" commence-t'il. Et puis un jour d'octobre, il trouve un paquet dans sa boîte aux lettres contenant un photo, un long courrier et des cassettes audio. Celui qui fut son père se raconte et dit tout son amour.
Le roman s'alterne entre les secrets de ce père ressuscité, les poèmes à sa fille Indira, et l'histoire de Jaromil. Son enfance sans racine, sa découverte du jazz, sa rencontre avec Al, père spirituel originaire de Tanzanie qui le fait entrer dans son band, et Maïsha, l'amour de sa vie perdue à cause de ses addictions.
Au cœur, il y a le jazz et tous ses artistes, le souffle du trompettiste qui vous emporte avec ses notes, ses mots et ses silences.
Un roman habité par le jazz, les failles et les espérances d'un homme amoureux et d'un père qui n'a pas eu de père.
Conseillé par Manon T
Un roman terriblement drôle et malin. À travers le personnage de Pablo, scénariste, Seth Greenland nous fait partager son amour pour le cinéma et la musique underground. Une plongée dans l'époque de la blaxploitation ! Un roman qui parle des mœurs américaines et des différences raciales qui sont au cœur de l'histoire des États-Unis. Les personnages sont attachants, intelligents. Le discours politique est engagé et construit, le cadre est parfaitement posé (on se croirait dans "Taxi Driver"). Un vrai plaisir de lecture !
Conseillé par Coralie et Joséphine
Jean Hegland peut tout aussi bien nous entraîner au cœur d'une dystopie que dans l'œuvre de Shakespeare, elle excelle toujours à créer un univers que l'on n'a plus envie de quitter !
Avec "Rappelez-vous votre vie effrontée", on fait la connaissance de John Hubbard Wilson, professeur de littérature et spécialiste de l'œuvre de William Shakespeare. Toute sa vie, ce passionné a enseigné son amour pour les mots, les répliques et la poésie de la langue. Lorsque l'on rencontre ce personnage, il est au crépuscule de sa vie et sa mémoire s'enfuit peu à peu.
Sa femme va alors reprendre contact avec la fille de John, Miranda - prénommée ainsi d'après l'héroïne de "La Tempête" - qu'il n'a pas vue depuis des années, afin de leur permettre de renouer avant qu'il ne soit trop tard.
Au cours de ces visites régulières, Miranda se livre à cet homme qui ne la reconnaît pas toujours mais qui saura lui transmettre, souvent, émotions et répliques shakespeariennes à propos.
Tout au long du roman, Jean Hegland nous plonge tantôt dans l'histoire familiale de John et Miranda tantôt dans l'œuvre du grand dramaturge.
"Rappelez-vous votre vie effrontée" est un roman extrêmement sensible qui nous dit beaucoup sur la mémoire et la transmission, sur les souvenirs et ce que nous apporte notre amour des mots. Il faut également saluer le talent de la traduction de ce roman, effectuée par Nathalie Bru.
Sélection Prix du roman Coiffard 2024
À Chartres ce 16 août 1944, le carillon du couvent des sœurs de Saint-Paul annonce six heures. L'aube pointe et Simone attend assise bien droite sur le banc de la table de la cuisine. "Aujourd'hui les vainqueurs ont changé de camp. Je n'aurai droit à aucune clémence. La pute du boche va être butée. (...) Si jamais ils daignent m'écouter, si jamais il me font l'honneur d'un procès, je saurai quoi dire. Vont pas être déçus.. Je leur déballerait tout. Tout depuis le début."
Et le lecteur n'est pas déçu, nous pouvons vous le garantir. Julie Héraclès en s'inspirant de la célèbre photo de Robert Capa, "La tondue de Chartres", réussit à nous peindre un portrait intime et émouvant. Qui était Simone Touseau, cette jeune mère tondue et marquée au front, portant un enfant de trois mois sous le regard railleur d'une foule de tous âges, un drapeau français flottant au-dessus de toutes ces têtes sur le fond de la photographie ? La confession de la jeune femme s'alterne avec le déroulement de ce 16 août 1944. Et c'est l'histoire d'une certaine France qui se dévoile, d'une famille de petits commerçants relativement prospères qui perd tout, d'un contexte politique, d'une montée des extrêmes droites et de l’antisémitisme, de l'hypocrisie et de la dénonciation. C'est l'histoire de l'ignorance, de la vengeance mais c'est aussi une histoire d'amour qui dépasse les frontières géographiques et idéologiques. Le lecteur est happé par l'histoire de cette femme insolente, à la fois victime et profiteuse. Un excellent premier roman !
Conseillé par Marion H
Seiji Hashimi est professeur d'anglais dans un lycée japonais. Apprécié par ses élèves, adulé même par certaines, le jeune homme fait des envieux parmi le corps enseignant. Mais derrière ses sourires et sa sympathique compagnie se cache un tueur manipulateur et psychopathe. Seiji use de toutes les techniques pour parvenir à ses fins, tout en restant hors radar. Jusqu'au jour où il commet une erreur et trois de ses élèves commencent à avoir des doutes... Lecteurs avides de slasher, ce livre est fait pour vous. Seiji Hashimi s'impose en digne concurrent d'Hannibal Lecter tant son approche est froide et des plus maîtrisées, alors qu'en apparence il semble être le plus doux des agneaux. Une écriture vindicative s'attaquant à toutes les strates de la société représentées dans un lycée. Vous ne compterez plus les victimes...