Grégoire C.

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A la tête de la belle librairie Obliques depuis 2011.

22,90
Conseillé par (Libraire)
24 août 2023

Vous êtes mort. Voulez-vous rejouer ?

J'avoue que je me suis demandé si un roman qui parle de la création de jeux vidéo au début des années 90 pourrait plaire à quelqu'un d'autre qu'à un geek quasi-quinquagénaire ayant passé son adolescence à user la peau de ses doigts sur un clavier d'Amstrad 6128 (suivez mon regard 👉).

Oui ? 💾 Non ?

👾 Et puis je me suis demandé ce que j'avais retenu de ce roman, et la première chose qui m'est venue à l'esprit, ce ne sont pas les jeux vidéo, c'est le mot "amitié".

💾 "Demain et demain et demain" est un grand roman d'amitié, de ces amitiés qui commencent au lycée et durent toute une vie.

👾 Pour être touché par ça, me suis-je dit, pour être ému par ce parcours, pas la peine d'avoir joué à Oregon Trail dans les années 80. Après tout, je n'ai jamais été bûcheron, ni cuisinier, ni pêcheur de crevettes, mais j'ai été bouleversé par "Et quelquefois j'ai comme une grande idée" de Ken Kesey, "Le restaurant de l'amour retrouvé" d'Ogawa Ito et "Les maraudeurs" de Tom Cooper.

💾 Ce que j'essaie de vous dire, c'est qu'il serait dommage de passer à côté de cette grande histoire, simple, grandiose et humaine, uniquement parce que le cadre de ce livre est la conception de jeux vidéo.

👾 Parce que c'est un roman qui parle surtout de création, de choix de vie, d'intégrité, de notre rapport aux autres, (un petit peu de Shakespeare et d'Emily Dickinson), et surtout de toutes les erreurs qu'on ne peut pas s'empêcher de faire.

💾 Et par ça, n'importe qui peut se sentir concerné, non ?

👾 Autrement dit, n'importe qui pourra aimer ce livre beau et tellement attachant.

💾 N'importe qui.

👾 (et en plus, si vous manquez d'idée cadeau pour un·e geek quasi-quinquagénaire, notez le titre tout de suite, ce sera déjà ça de fait pour Noël prochain)

L'Arbre vengeur

19,00
Conseillé par (Libraire)
10 février 2023

Beauté retrouvée

Ceux qui connaissent André Dhôtel seront peut-être surpris de découvrir ce texte, presque tombé dans l'oubli, disparu du catalogue des éditions de Minuit qui l'avaient publié en 1948.
Ceux qui ne connaissent pas André Dhôtel vont trouver là l'une des meilleures portes d'entrée à l'œuvre de ce grand auteur, mort en 1991 et trop peu reconnu, peintre de la nature et des passions humaines, toujours juste, d''une simplicité stylistique qui fait de tous ses textes de petites perles limpides.
Œuvre de jeunesse, comme on dit, "David" ne fait pas exception, et vous présente avec humanité un gamin de l'Assistance, libertaire sans le savoir, au destin singulier, dans une campagne française qui pourrait être la nôtre.
Bravo aux Editions de l'Arbre vengeur qui dénichent encore un roman important de la littérature française, roman qui, sans elles, prendrait la poussière au lieu de faire notre joie.

20,00
Conseillé par (Libraire)
21 janvier 2023

Pour les fantômes

Dès les premières pages, on est happé par la force et la musicalité de la langue, transporté sur les terres de Martinique, où les fantômes des ancêtres rôdent et accompagnent les vivants.
Kim vient de commettre l'irréparable et son discours enflammé cherche à nous convaincre, autant que lui-même, que ce qu'il a fait n'est que justice.
Dans ce roman aux grands élans lyriques, aux morceaux de bravoure, les thèmes du racisme, du colonialisme côtoient les problématiques actuelles d'identité de genre.
Un livre nécessaire, écrit par l'une des romancières antillaises les plus prometteuses de sa génération.

Conseillé par (Libraire)
21 septembre 2022

Dès les premières pages, Jurica Pavičić tue le suspense et révèle le destin sa protagoniste : Bruna est en prison. Elle y purge une longue peine pour le meurtre de sa belle-mère. Avec ce procédé, l’auteur croate avertit ses lecteurs que le sujet du livre sera ailleurs, et que toute la question sera plutôt de savoir ce qui s’est passé, dans l’intimité de leur relation, pour en arriver à cette extrémité.

On connaît Pavičić depuis le multi-primé l’Eau rouge, ténébreuse énigme qui prenait comme décor la dislocation sanglante de la Yougoslavie au début des années quatre-vingt-dix. Quand commence la femme du deuxième étage, en 2006, la Croatie est une nation indépendante, mais la précarité économique demeure. Frane, qui vient d’épouser Bruna, travaille dans la marine marchande, où il est forcé d’enchaîner des contrats qui l’emmènent au bout du monde pour de longs mois. Pour des raisons financières aussi bien que culturelles, le jeune couple s’est installé au deuxième étage de la maison familiale, ce qui impose à Bruna une proximité quotidienne avec sa belle-mère, sans son mari, en un huis-clos bien plus mental que physique. Le récit nous décrit la chronologie du drame, depuis le début, ce jour où Bruna a rencontré Frane, où tout aurait pu être différent.

Avec ce roman, Pavičić brosse un magnifique portrait de femme, emportée par la pesanteur du destin, des traditions familiales, de l’amour, et qui voit sa vie lui échapper, jour après jour.
Malgré la fin connue d’avance, le suspens s’installe, les pièces du puzzle s’assemblent, et on n’a d’autre choix que de se prendre d’affection pour cette jeune mariée paradoxalement seule, mais aussi pour tous les autres personnages de cette tragédie domestique, pleine de finesse et de subtilité. Ce n’était pas un polar, l’assassin était connu depuis la première page, et pourtant, en refermant le livre, on peut continuer à se poser la question : qui a vraiment tué la belle-mère de Bruna ?

21,00
Conseillé par (Libraire)
17 septembre 2022

Au feu !

Ces enfants ne sont pas banals. Si vous les contrariez, s’ils ressentent des émotions trop fortes, ils prennent feu. Littéralement. Des flammes bleues apparaissent sur leurs membres et pouf, ils deviennent de petites torches qui carbonisent leur environnement. Dans ces conditions, pas facile de trouver une baby-sitter. C’est pourquoi Madison fait appel à son amie de fac, Lillian, pour lui confier cette brûlante mission, pendant qu’elle parcourra le pays aux côtés de son sénateur de mari.

Quelle belle découverte que ce roman inflammable, malin et sensible, où l’on passe par toutes les émotions. Kevin Wilson a l’art de raconter les histoires et de vous faire croire l’incroyable.
Sans grande démonstration, sans emphase, avec seulement la force du conte, humoristique et moderne, ce livre traite de sujets forts : qu’est-ce que ça veut dire d’avoir des enfants différents ? Est-il simple d’accepter les enfants d’une autre ? Comment gérer les crises des petits, qui ne comprennent pas le monde comme les adultes ? Faut-il des enfants pour trouver un sens à sa vie ?
Sans en avoir l’air, Wilson s’attaque à toutes ces questions et offre au lecteur un moment de lecture excitant, dans un grand éclat de rire et une odeur de brûlé.