Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

Le manga-D'Artagnan

Néjib,

Casterman

7,95
Conseillé par
29 mars 2023

C'est l'histoire de la reine Anne d'Autriche qui aurait comme amant le duc de Buckingham auquel, en gage d'amour elle aurait laissé des ferrets offerts par le roi que celui-ci, sur les conseils avisés de Richelieu et Milady, lui demande de porter le jour du mariage de Gaston, frère du roi. Les mousquetaires vont donc devoir aller les chercher en Angleterre déjouant les pièges machiavéliques de Milady.

A l'occasion de la sortie du film de Martin Bourboulon, Les trois mousquetaires, avec Eva Green, Romain Duris, Vincent Cassel, François Civil et Pio Marmaï, les éditions Casterman sortent deux versions décalées du livre d'Alexandre Dumas. La première, j'en ai déjà parlé, c'est une BD humoristique de Fabrice erre et Gilles Rochier. La seconde, et bien c'est ce manga français -qui se lit de gauche à droite, classique pour nous- de Cédric Tchao aux dessins et Néjib au scénario.

C'est toujours intéressant de voir les différentes adaptations dune œuvre colossale, sans doute l'une de celles qui en a suscité le plus (plus de 600 films dans le monde entier). Le manga, ce n'est pas trop mon dada et j'avoue que les scènes de combat, si elles plairont au public ciblé, les jeunes gens, m'ont laissé froid voire m'ont agacé, en fait je les trouve confuses, mais c'est sans doute ce que recherchent les lecteurs de mangas.

Les jeunes lecteurs de la maison vont le dévorer, le lire et le relire et même, me demandent déjà : "Il sort quand le deuxième tome ?". Preuve que l'objectif est atteint !

Les gags-D'Artagnan dans la place

Casterman

9,95
Conseillé par
29 mars 2023

D'Artagnan monte de sa Gascogne natale à Paris, sur recommandation, pour être Mousquetaire. Même pas encore arrivé à la capitale, il se retrouve en mauvaise posture face à un homme redoutable, Rochefort qui le laisse quasi pour mort. Mais le Gascon est résistant et c'est en arpentant les rues de Paris qu'il retrouve Rochefort et qu'il décide de le suivre, bousculant au passage, trois hommes qui lui demandent réparation : Athos, Porthos, Aramis. C'est le début de l'aventure.

Évidemment tirée de l’œuvre d'Alexandre Dumas, cette bande dessinée humoristique prend quelques libertés avec le texte original, des raccourcis et des allusions à quelques faits plus modernes que l'on pourra reconnaître au fil des pages. Ça part dans tous les sens, le dessin est drôle, des gros nez, des caricatures, de la grosse blague qui plaît au plus grand nombre et qui peut être lue par un très large public.

A l'occasion de la sortie en avril du film Les trois mousquetaires, les éditions Casterman, à l'instar de ce qui peut se faire aux États-Unis sortent deux bandes dessinées sur le même thème, très différentes : un manga dont je parlerai plus tard et cet album, qui annonce la couleur dès la couverture qui est une adaptation libre et inspirée de l'affiche du film. Je ne sais pas si la lecture de cette BD incitera à aller au cinéma, mais je dois dire d'une part, que l'esprit crétin, irrespectueux et très drôle me paît bien et m'a fait rire, et d'autre part, que je suis assez tenté pour aller voir le film de Martin Bourboulon

Conseillé par
29 mars 2023

Très beau texte de Guillaume Nail dont c'est le premier roman pour le public adulte, même s'il met en scène des adolescents et de jeunes adultes. Il parvient avec tact et finesse à se couler dans les peaux des jeunes gens aux caractères si différents, entre Gus l'extraverti et Pierre le timide mal dans sa peau et son corps trop gros. C'est très bien fait parce que tout paraît joué dès le départ, mais à petites touches, doucement, l'auteur fait naître une autre réalité, la vraie si je puis me permettre ce pléonasme. La vie est souvent autre chose que ce que l'on veut bien montrer. La Loire elle-même, ce fleuve qui semble lui-même si lent, si indolent mais dont il faut se méfier. Elle rythme et sculpte les paysages, même dans les villes où elle ne se laisse pas domestiquer. Tous les Ligériens vous le diront.

Court chapitres ou les narrateurs alternent et se révèlent, gambergent. Certains veulent oublier ce qui les attend à leur retour, ces deux mois furent une pause, une bouffée d'air, alors il faut en profiter jusqu'au bout. Et la tension monte parce qu'on sent le proche drame, mais que l'auteur tarde à le narrer, il raconte le contexte, les petits incidents, les tracas... et nous-mêmes, lecteurs, de ne point aller trop vite pour ressentir encore plus vivement cette tension.

J'aime beaucoup l'écriture de Guillaume Nail, moderne, rapide, phrases courtes, nominales parfois, lorsqu'il dialogue ou décrit un jeune. De belles phrases plus longues pour des descriptions de lieux ou de situations, avec des mots rares, comme celles qui ouvrent le roman :

"On le sait pourtant.

Héritée de nos mères, de nos pères, c'est la rumeur qui coule dans nos gènes et infuse, sur les pentes des coteaux comme aux plaines du Maine, des berges de l'Authlon en corniche angevine, alluvions et roseaux, bras morts et plein lit, c'est cette rengaine avide, bruit lancinant qui attend, au crépuscule là-bas, vers l'estuaire, un monde." (p.9)

Conseillé par
29 mars 2023

Nouvelle série écrite par le très bon et très prolixe Jean-Christophe Portes, auteur de la série historique aux temps de la révolution avec Victor Dauterive et de la contemporaine avec le Groupe du Manoir mené par Colette et Denis Florin.

Cette série qui débute pendant la guerre est finement et richement documentée et met face-à-face des personnes ayant réellement existé dans des situations réelles et des personnages de fiction dont évidemment Lizzie et Mo. Et le tout fonctionne admirablement bien, on reconnaît ceux ayant vraiment vécu, et on peut se prendre même l'envie d'ouvrir une encyclopédie pour vérifier si untel et untel sont inventés ou pas. Ce que j'ai fait. Le roman débute en 1942, les nazis occupent le nord de la France, Pétain et ses sbires sont à Vichy. La pègre française dans sa majorité plonge dans la collaboration, par simple appât du gain, même si certains voyous vont plus loin et intègrent la Gestapo et iront parfois au-devant des demandes de l'occupant. "Parce qu'ils ont bien changé, ces derniers temps. Au début, ils se contentaient de racketter les Youpins ou de fournir en marchandise les bureaux d'achat boches. Mais leurs patrons frisés en veulent plus : ils ont collé un adjoint à Lafont, l'ancien flic marron Bonny, une célébrité d'avant-guerre. Lequel a transformé la racaille de la rue Lauriston en service de police secrète, avec fichiers tenus à jour, bureaux cloisonnés et même fiches de payes." (p.84)

Le contexte, comme toujours chez l'auteur, est formidablement mis en place et décrit, on s'y croit totalement. La grande histoire est truffée de petites histoires. Sans être historien, JC Portes sait la raconter, expliquer certains faits, comme le marché noir à grande échelle mené par les nazis et sous-traité aux voyous français. Bref, il crée une forte toile de fond qui exacerbe les passions et les trahisons.

Et au cœur de cela il y a Mo et Lizzie, pas censés se rencontrer et qui vont vivre une histoire d'attirance-répulsion dans un maelstrom d'aventures très plaisantes à suivre. L'auteur pousse le détail jusqu'à user d'une langue différente pour Lizzie, aristocrate anglaise et Mo, voyou des bas-fonds corso-parisiens. Chacun a ses chapitres, pour Mo, un langage plus familier, parfois argotique. Le tout donne un roman qui s'ouvre et se ferme quasiment sans qu'il soit possible de s'arrêter, le premier d'une série autour des deux héros que je souhaite la plus longue possible tant JC Portes a fait naître l'envie de continuer à suivre leurs aventures.

Anne-Marie Métailié

20,50
Conseillé par
14 mars 2023

Le contexte de ce polar n'est pas le moins intéressant ; c'est effectivement une période étrange où l'ex-leader, Mussolini est arrêté et le fascisme semble être pour de bon révolu. Les anciens chefs du régime ou ceux qui en ont profité pour se hisser à de bons postes, se sauvent avant d'être arrêtés. Certains flics ne sortent plus, restent au bureau pour ne pas se faire lyncher. Bref, l'ambiance est joyeuse de s'être libéré du Duce mais également à la recherche des fascistes avérés. Chaque chapitre du livre débute par un court résumé des événements du jour, ce qui permet de bien se situer dans l'histoire du pays.

Et dans tout cela le commissaire De Luca hermétique à la politique, ce qui est assez étonnant et rare dans ces moments, tente de mener son enquête, mais se heurte à des murs très hauts. Il met à jour une corruption à tous les niveaux de la police, de l'armée qui freine donc ses investigations. Mais il s'obstine au risque de tout perdre : sa carrière, sa fiancée Lorenza qu'il néglige et qui elle, est assez sensible aux changements politiques. Carlo Lucarelli joue sur l'ambiguïté de son personnage qui travaille au service des "méchants", le lecteur peine à savoir s'il est totalement indifférent, uniquement obsédé par son travail de flic ou s'il s'adapte à chaque changement. Cela ne le rend ni sympathique ni antipathique, même si l'on a très envie qu'il boucle son enquête et qu'il passe à autre chose. C'est un roman fort bien mené, pas toujours simple à suivre parce qu'un peu bavard, mais qui nous plonge dans une ambiance particulière, pas confortable, avec des personnages et notamment De Luca, ambigus. Une belle réflexion sur le fascisme que l'on peut évidemment mettre en parallèle avec la montée des extrêmes et des idées totalitaires dans presque tous les pays du monde et qui ne présage rien de bon.