Claude-Michel S.

22,90
Conseillé par (Libraire)
29 juillet 2017

Métro 1850

Dans une plantation de Géorgie, la jeune esclave Cora est habituée à la violence : que ce soit celles des autres esclaves et la hiérarchie qu'ils ont établi entre eux ou celle du maître qui dispose du droit de vie ou de mort sur eux. Si contrairement à sa grand-mère elle n'a jamais songé à fuir par peur des représailles, sa rencontre avec César, esclave nouvellement arrivé à la plantation rebat les cartes. Lorsqu'il lui parle du "underground railroad" chemin de fer sous-terrain qui parcours les Etats-Unis pour aider les esclaves à rejoindre le nord, les deux jeunes gens prennent un risque fou et entreprennent un long et dangereux périple.

Prix Pulitzer 2017, Colson Whitehead transforme ici la métaphore du Underground railroad en véritable chemin de fer souterrain et fait traverser les Etats-Unis à ses deux héros Cora et César. D'arrêts en arrêts et de systèmes politiques en systèmes politiques, Cora découvre les différentes facettes de ce pays complexe et multiple. La suprématie blanche des uns au
paternalisme bienveillant des autres il faudra aller loin pour sentir le vrai vent de la liberté. Dans un monde où la violence est partout, le destin fort de cette jeune femme est une vraie leçon d'humanité. Servi par une langue exigeante et précise, Underground railroad est un petit bijou, un très beau roman sur une période sombre des Etats-Unis qui n'a hélas pas fini de faire écho à l'actualité américaine.

Conseillé par (Libraire)
18 janvier 2013

Dans l'Ombre de la lumiere

Claude PUJADE-RENAUD fait partie de ces auteurs dont on attend toujours avec impatience le prochain ouvrage. Après, entre autres, les éblouissants : La Nuit La neige, Le Désert et la Grâce, et plus récemment Les Femmes du Braconnnier qui relatait les amours tumultueuses et passionnées entre Sylvia Plath, le poète Ted Hughes et Assia Wewill, voici le magnifique Dans l'Ombre de la Lumière.
Nous sommes au IVe siècle de notre ère entre Carthage, Thagaste et Milan. Elissa, concubine d'Augustinus (futur Saint-Augustin) avec qui elle partage, dans un premier temps, sa foi manichéenne, raconte, au gré de ses souvenirs, leurs années de vie commune, la naissance de leur fils Adéonatus (qui signifie : donné à Dieu) et son évolution prometteuse,pendant que dans l'ombre règne Monnica, mère d'Augustinus, chrétienne engagée, forte et déterminée à convertir son fils à sa propre foi.
Grâce à la mémoire d'Elissa, on visite et revisite les Confessions, on comprend mieux ce qu'ont pu être les manichéens, les problèmes du schisme provoqués par les adonistes car l'auteur sait expliquer l'Histoire au travers de l'histoire.
Bref, voilà un grand roman à l'écriture fine et précise où l'érudition n'entache en rien l'épaisseur psychologique des personnages ; un roman épique où le quotidien côtoie le spirituel, l'amour profane, l'amour sacré.

Conseillé par (Libraire)
27 septembre 2012

Des éclairs et des hommes - Pauline Fontaine Villiers (17e)

Dans un monde post-apocalyptique, les tempêtes d'Ether – orages d'éclairs – sont si violentes que la plupart des êtres humains vivent à l'abri dans les Capsules. Pour ne pas devenir fous d'ennui, ils ont recréé numériquement le monde extérieur en démultiplient ses potentialités : les Domaines. La population de ces Capsules vit donc connectée en permanence aux mondes virtuels par le biais de leurs SmartEyes. Néanmoins, d'autres peuples survivent au-dehors en développant à l'extrême un des cinq sens. Aria et quelques-uns de ses amis décident de se déconnecter totalement pour aller explorer une partie abandonnée de leur Capsule. L'escapade dégénère et l'incident prend des proportions insoupçonnables...


Ce roman repose sur les choix de plusieurs sociétés et radicalise jusqu'à l'extrême les conséquences de ceux-ci, proposant deux cultures aux antipodes l'une de l'autre. Veronica Rossi allie une construction dynamique à une écriture fine et subtile. Elle amène bien des sujets à la réflexion de ses lecteurs : nos modes de vie contemporains, l'écologie, les technologies du numérique, etc., sans prendre parti pour l'instant (on attend le deuxième volet, prévu pour l'automne prochain). Voilà un roman que les amateurs d'anticipation et de science fiction – jeunes comme moins jeunes – auraient grand tort de négliger.

Conseillé par (Libraire)
27 septembre 2012

Des parallèles qui se croisent... Pauline - Fontaine Villiers (17e)

Deux jeunes hommes, Libero et Matthieu, abandonnent leurs études de philosophie pour mettre en œuvre leurs idées en rachetant le bar d'un village perdu dans la montagne corse. Aurélie, sœur de Matthieu, aime un Algérien rencontré lors de ses fouilles archéologiques ; elle se rend compte qu'il n'y a nulle part où aller pour cet amour, aussi bien en Algérie qu'en France. Il y a aussi Marcel, le grand-père, qui meurt à petit feu, consumé par son mutisme et ses souvenirs... Sans perdre une seconde son lecteur, Jérôme Ferrari bouleverse la chronologie de cette famille afin de mettre en parallèle leurs aspirations et leurs désillusions respectives.


« [Marcel] n'a pas peur. Il sait qu'elle est là, guettant pour lui la calme arrivée de la mort, et il se laisse aller contre son oreiller. Aurélie ne lâche pas sa main. La mort arrivera peut-être avant Matthieu et Claudie, à la ferveur de leur communion intime, et quand elle sera là, elle emportera, en même temps que Marcel, le monde qui ne vit plus qu'en lui. [...] Nous ne savons pas, en vérité, ce que sont les mondes. Mais nous pouvons guetter les signes de leur fin. Le déclenchement d'un obstrurateur dans la lumière d'été, la main fine d'une jeune femme fatiguée, posée sur celle de son grand-père, ou la voile carrée d'un navire qui entre dans le port d'Hippone, portant avec lui, depuis l'Italie, la nouvelle inconcevable que Rome est tombée. » (p. 196)
Dans une langue somptueuse, ce roman aux allures de fable réécrit magistralement le mythe de Sisyphe et médite, sans trace d'un quelconque manichéisme, sur la fragilité de nos constructions humaines.

Conseillé par (Libraire)
27 septembre 2012

Patrice (Fontaine Villiers)

« Ce n’était pas la guerre, ni un tremblement de terre. Nul effondrement, nul cratère d’obus. N’empêche, il fallait partir. »
Antoine Choplin revient sur cet épisode tragique et sans précédent que fut Tchernobyl, et c’est au travers du regard de Gouri qu’il nous fait partager cette souffrance humaine ; dans un style toujours très saccadé dirait-on, qui provoque une lecture quelque peu essoufflée propre à donner au lecteur un ressenti plus prononcé encore des pensées tourmentées des personnages. Gouri revient donc sur les lieux et s’est donné pour mission de s’infiltrer dans la « zone interdite », afin d’y retrouver certains souvenirs qui semblent le hanter. C’est ce périple qui nous est raconté, dans lequel Gouri va retrouver d’anciennes connaissances restées sur place.


« … des fois je pense au diable et je me dis tiens, si ça se trouve, il a installé ses quartiers dans le coin et il est là, à bricoler. Il profite de l’aubaine pour se fabriquer un monde à lui. A son image. Un monde qui se foutrait pas mal des hommes. »
Au-delà de la simple histoire, c’est tout un monde figé que Choplin nous montre mais cependant habité par des êtres humains qui n’ont pas eu d’autre choix que d’assister à cette horreur, des êtres humains qui, malgré leur détresse et leur misère, n’en restent pas moins sensibles.
« J’aimerais bien écrire quelque chose de gentil pour elle. Tu comprends. Quelque chose qu’elle pourra lire quand je serai passé et que ça lui fera du bien de le lire. Qu’elle pourra même garder avec elle, si elle veut, comme ça dans la poche de son tablier pour se le relire de temps en temps et se souvenir de tout ça. »
Récit tout en émotion et en délicatesse.